Réunion de décembre de la BCE : Nouvelle augmentation du PEPP en prévision?

Par Augustin Doittau, FX Corporate Dealer.

L’augmentation du PEPP arriverait au moment où les seconds confinements pèsent sur l’activité commerciale. La deuxième vague de COVID-19 présente un risque important pour l’économie de la zone euro.

Les nouveaux cas de contamination ont commencé à augmenter fortement dans le bloc au début du mois d’octobre, ce qui a conduit à la réintroduction d’un certain nombre de mesures de confinement comme en début d’année. La France et l’Allemagne ont toutes deux imposé des mesures nationales de confinement, tandis que de nombreux autres pays du bloc ont mis en place une série de mesures telles que des systèmes à plusieurs niveaux, des couvre-feux nocturnes et la fermeture anticipée des restaurants. L’imposition de ces mesures a suscité des inquiétudes quant à un nouveau ralentissement de l’activité économique dans la zone euro et a poussé les investisseurs à doubler leurs paris sur un assouplissement supplémentaire de la politique de la Banque centrale européenne lors de sa réunion de ce 10 décembre.

Tout au long de la crise, la BCE a eu peu de marge de manœuvre pour réduire ses taux d’intérêt déjà négatifs, s’engageant plutôt à stimuler l’économie par le biais de programmes d’achat d’actifs. Le nouveau programme de la banque, le Pandemic Emergency Purchase Program (PEPP), a été élargi en juin, la BCE s’engageant à acheter une enveloppe totale d’actifs d’une valeur de 1,35 trillion d’euros jusqu’à la fin juin 2021 au moins. Lors de sa dernière réunion en octobre, le conseil des gouverneurs a clairement indiqué qu’une nouvelle augmentation du programme était probable. La présidente Lagarde a noté qu’il y avait eu une “nette détérioration” des perspectives à court terme suite à l’annonce des nouvelles mesures de confinement, et que la banque réagirait rapidement pour remédier à la situation.

Depuis, un certain nombre de responsables de la BCE ont évoqué la possibilité d’une action en décembre, les derniers membres étant Shnabel, Kazaks et l’économiste en chef Philip Lane.

Les investisseurs attendent désormais une nouvelle série de mesures de relance de la part de la BCE ce jeudi. Nous pensons que la banque choisira à nouveau de renforcer son programme d’achat d’actifs d’urgence, éventuellement de 500 milliards d’euros supplémentaires, portant le montant total des achats à 1,85 trillion d’euros. La date de fin du programme devrait également être repoussée et nous prévoyons une nouvelle prolongation de six mois du PEPP jusqu’à la fin de l’année 2021 au moins. Cela permettrait de poursuivre les achats à peu près au même rythme que pendant la durée du programme (Graphique 1) jusqu’à la fin du mois de décembre de l’année prochaine.

On spécule également sur le fait que la BCE pourrait étendre ses importantes opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO) et étendre son mécanisme de répartition en tranches aux banques de la zone euro. Il s’agirait toutefois de changements essentiellement techniques qui, à notre avis, n’auront probablement pas de véritable incidence sur la réaction du marché.

En dehors de tout changement de politique, les investisseurs seront très attentifs aux projections économiques actualisées de la banque concernant la croissance et l’inflation. Nous pensons que les prévisions du PIB pour 2020 seront certainement revues à la baisse. La projection du quatrième trimestre de septembre (+3,1 % par rapport au trimestre précédent) ne tient pas compte de la dernière série de mesures de lutte contre la COVID-19 et est donc à la fois obsolète et trop optimiste. Bien que nous n’ayons pas eu d’indicateurs clés de l’activité économique qui couvrent cette période de restrictions plus strictes, l’indice composite de confiance des chefs d’entreprise est tombé à 45,3 en novembre, son plus bas niveau depuis mai (Graphique 2).

La BCE pourrait toutefois se montrer plus optimiste quant aux perspectives pour 2021, étant donné que plusieurs vaccins sont maintenant sur le point d’être mis en place plus tôt que prévu. En ce qui concerne l’inflation, nous n’envisageons aucun changement majeur des prévisions lors de la réunion de cette semaine, bien que leur projection pour 2021 puisse être légèrement revue à la baisse. Nous serons toutefois très attentifs au fait que la banque modifie son point de vue sur la force de l’euro. Il est possible que Lagarde soulève des inquiétudes quant à l’impact d’une monnaie forte sur la limitation de la croissance et de l’inflation dans les prochains mois. En termes de taux de change effectif nominal (TCEC), l’euro est actuellement autour de sa position la plus forte depuis novembre 2009 selon JP Morgan (Graphique 3).

Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que Lagarde et les communications de la BCE qui l’accompagnent fassent preuve d’un certain optimisme quant aux progrès du vaccin et aux perspectives de l’économie de la zone euro en 2021. Cela étant dit, nous pensons que la banque adoptera un ton accommodant à l’égard des perspectives à court terme jeudi, en indiquant que des mesures supplémentaires sont nécessaires pour aider l’économie à traverser la deuxième vague d’infection du virus. Comme indiqué, nous prévoyons une augmentation de 500 milliards d’euros du PEPP, les mesures étant prolongées jusqu’à la fin de l’année prochaine. Nous pensons que le marché a déjà presque entièrement intégré ces mesures, et nous ne nous attendons donc pas à ce qu’une telle annonce entraîne une baisse réelle de l’euro.

Une augmentation plus modeste du programme, inférieure à environ 400 milliards d’euros, serait une surprise pour les investisseurs et déclencherait probablement une hausse immédiate de la monnaie unique dès jeudi. En revanche, une série de nouvelles mesures plus agressives, combinées à d’importantes révisions à la baisse du PIB et à des déclarations de Lagarde qui tempèrent l’optimisme autour des vaccins et/ou suscitent des inquiétudes quant à une monnaie plus forte, pèserait sur l’euro selon nous. Nous pensons que tout commentaire sur la force de l’euro peut constituer le risque majeur pour la monnaie unique ce jeudi. Compte tenu de l’ampleur de la hausse ininterrompue de l’euro, il pourrait y avoir un retracement significatif si cela s’avérait être le cas.

 

 

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Olivier Duquaine

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